Contexte
historique et géopolitique

L'Albanie est un pays riche d'Histoire, qui n'a d'ailleurs été clairement délimité qu'au début du XXème siècle. Nous vous passerons les détails (qui ne nous intéressent que peu actuellement) mais sachez, à titre informatif, que cette zone d'Europe de l'Est a tout d'abord fait partie de l'Illyrie, avant d'être occupée par les Grecs durant l'Antiquité, et par les romains quelques siècles plus tard. Au cours du temps, l'Albanie a été tiraillée entre différentes nations, religions, peuples, etc. À tel point que la langue albanaise a bien failli disparaître complètement…

C'est au temps de l'occupation grecque, au VIème siècle avant Jésus Christ, que les premiers mages de l'Histoire ont décidé de créer une école qui réunirait tous les êtres dotés de pouvoirs surnaturels. Ainsi naquit Zirëndrrat (un mélange entre le nom de Zirnitra, dieu Dragon de la sorcellerie, et le mot albanais "ëndrrat" signifiant "rêve"), non loin des berges du très ancien lac d'Ohrid. Les sages fondateurs de cette école furent immédiatement d'accord : tous les shtrigat (= mot albanais désignant les sorciers) n'étaient pas nantis des mêmes prédispositions magiques. Ils divisèrent alors Zirëndrrat en cinq maisons distinctes, correspondant aux éléments terrestres : le feu, l'air, l'eau, la terre et l'éther (ou l'occulte). Ils associèrent ces éléments aux dieux et esprits de la mythologie slave qui en étaient les garants. Les élèves des cinq maisons auraient une majorité de sujets d'études en commun, mais à chaque maison serait en plus associé une matière précise, en relation avec son élément. Lors de leur première rentrée, à l'âge de douze ans, les jeunes mages choisiraient eux-mêmes l'élément qui les attiraient le plus.

Lorsque les romains prirent possession du territoire, les personnes dénuées de pouvoirs magiques voulurent détruire Zirëndrrat, objectant à la présence d'une telle école l'élitisme inacceptable de la population. Les descendants des fondateurs furent prompts à réagir : ils dissimulèrent aussitôt le château aux yeux des non-sorciers, nommés par la suite Njerëzit ("Njerëzor" au singulier), après en avoir supprimé tout souvenir de l'esprit de ceux qui étaient au fait de son existence.

Depuis lors, l'emplacement exact de l'école de Zirëndrrat n'est connu que de son directeur (appelé "Hyjni"). Les élèves et Mësuesit (= professeurs), quant à eux, peuvent s'y rendre grâce à des portoloins, commandés au Ministria e Magjisë (= Ministère de la Magie) ou mis en place par son service des Transports à chaque rentrée scolaire et disséminés un peu partout en Albanie et autres pays d'où proviennent les élèves et le personnel étrangers.

Au cours de l'année 1429, nombre de Shtrigat albanais réclamèrent un lieu sûr pour leur servir de nation secrète. En effet, ils étaient de plus en plus mal vus par la communauté des Njerëzit, et la rumeur des chasses aux sorcières ayant eu lieu en Suisse l'année précédente était parvenue jusqu'en Europe de l'Est. Les Shtrigat avaient peur. La plupart d'entre eux n'avaient aucunement l'intention de nuire aux non-sorciers, mais s'y voyaient contraints lorsque leur vie était menacée. C'est ainsi que le Ministri décida de fonder la ville de Frikësue, au pied de la montagne hébergeant le château de Zirëndrrat. Totalement cachée aux Njerëzit, les Shtrigat affluèrent dans cette nouvelle cité, afin d'entamer une vie loin des dangers de la folie njerëzor. Les constructions se multiplièrent, plus ou moins solides, plus ou moins éloignées du centre-ville, et bientôt la nouvelle dépassa les frontières de l'Albanie.

Bien que quelques autres pays d'Europe de l'Est aient adopté la même idée que le Ministri, ce n'était pas le cas de tous. Aussi les étrangers arrivèrent en masse aux portes de Frikësue. Il fallut les loger tous, mais certains se virent refuser l'asile, par manque de place.

Quelques Shtrigat étrangers refoulés rentrèrent dans leur pays d'origine et fomentèrent une vengeance qui leur permettrait de prendre la place des albanais dans la ville qu'ils protégeaient tant. C'est ainsi qu'une armée de sorciers ukrainiens entra, baguette au poing, dans Frikësue pour tuer tous les habitants, à l'aube du 24 octobre 1943. Alors que le reste du monde était plongé dans le chaos à cause de la Seconde Guerre, les mages se livraient rude bataille loin des regards des Njerëzit. Personne ne leur vint en aide.

Malgré la surprise d'une attaque absolument pas envisagée, les Shtrigat albanais connurent néanmoins plusieurs succès consécutifs. Ils gagnèrent de nombreuses batailles mais l'ennemi revenait toujours en force. On imagine qu'il voulait épuiser la population magique d'Albanie, et ainsi remporter la guerre. Et c'est ce que les ukrainiens faillirent faire. Mais, devant tant de morts, de terreur et de destruction, le Ministri décida de passer la main à un groupuscule jusqu'alors craint par une grande majorité de Shtrigat : les Magjistarët.

Connus pour leur adoration de la magie noire, sacrificielle et nécromancienne, les Magjistarët n'étaient ni très nombreux, ni vraiment intégrés parmi les autres Shtrigat. Néanmoins, leurs connaissances semblaient être les seules capables de sortir le pays de la guerre qui l'opposait aux mages d'Ukraine.

Une fois la main-mise sur le pouvoir, les Magjistarët lancèrent des démons de l'enfer sur leurs attaquants. Ils sacrifièrent des enfants pour repousser le mauvais œil et le renvoyer vers les troupes ennemies. La guerre fut terminée en deux jours à peine.

Glorieux, les mages noirs furent accueillis en héros par la population qui, peu de temps encore auparavant, les traitait comme des parias et des êtres dangereux. Malheureusement, il ne s'agit pas d'un conte pour enfants.

Les Magjistarët profitèrent de leur position de force pour renverser définitivement le gouvernement en place et asseoir leur domination sur le peuple magique. Ils instaurèrent un climat de répression, de peur et de dictature. Nul ne pouvait rivaliser contre leur puissance, tirée de l'occulte, alors tous durent s'agenouiller. Les possessions devinrent rares, tant les prix avaient augmentés depuis la fin de la guerre. La famine menaçait les foyers les plus modestes, et la mort s'abattait sur tous ceux qui osaient prononcer un mot contre le nouveau parti gouvernemental.

Ainsi vécurent les habitants de Frikësue de 1943 à nos jours. Aujourd'hui encore, les Shtrigat font attention à ce qu'ils disent, et à qui ils le disent. Car la dénonciation est récompensée par les Magjistarët. Il est difficile, dans le climat actuel, de se lier d'amitié avec quiconque, et encore plus de prospérer grâce à son métier. Néanmoins, la nature humaine étant ce qu'elle est, les Shtrigat albanais ont fini par s'adapter. Ils vivent chichement et sont heureux quand ils trouvent une miche de pain à moins de 3 Majlekë, alors qu'elles coûtaient 10 Mindarka avant la guerre…

Certains se rebellent discrètement contre le Ministri, principalement en parlant dangereusement de ce qui fâche. Ils espèrent qu'un jour viendra un leader qui saura faire la différence, et rendre sa liberté au peuple d'Albanie.